En un peu plus de dix ans de pratique, il est possible de porter un regard rétrospectif sur un ensemble de moins de cent tableaux peints à l’huile. Je les ai tous référencés dès leur achèvement, y compris ceux qui, par la suite, furent détruits ou repeints.

Si j’appris beaucoup de choses dans les ateliers des Beaux Arts de Tourcoing – grands mercis et respect à Hervé Kerlidou, Claude Courtecuisse et Tania Mouraud – je n’ai pas mis un pied, hélas, dans l’atelier peinture, perché aux cimaises de l’établissement. Je ne suis pas pourtant autodidacte dans ce domaine.

Il a fallu plus de vingt-cinq ans pour reprendre les tubes, sans que pendant cette période, le dessin n’ait disparu. Faire de la peinture de manière sereine, cela prend du temps.

De tout un Peu : des visages, des paysages, la mort, le religieux, le sérieux et l’idiotie. La faible production – une dizaine de toiles par an – s’explique sans doute par le fait que chaque série me demande deux ou trois ans de gamberge.

Comme beaucoup, la photographie est la source de mes peintures. Les images d’autres, ou les miennes : cet usage de la photographie n’est pas qu’une facilité ; j’ai appris aux Beaux Arts à peindre et dessiner sur le motif, d’après modèle vivant, en ville pour les relevés et les croquis. La photographie a toujours un protocole qui m’intéresse. C’est le déjà là.

La peinture a, de son côté, cet avantage de l’hypothétique : cela aurait pu, il n’est pas impossible que, qui la place davantage dans l’image mentale et dans une réflexion plus flottante.

Il n’y a pas de méthode, si ce n’est l’association assez libre que permet l’intercalaire: le laisser glisser entre ...

 

« … J'aborde au nid; la pie s'envole; je ravis les œufs, je les mets dans ma chemise et redescends. Malheureusement, je me laisse glisser entre les tiges jumelles et j'y reste à califourchon. L'arbre étant élagué, je ne pouvais appuyer mes pieds ni à droite ni à gauche pour me soulever et reprendre le limbe extérieur : je demeure suspendu en l'air à cinquante pieds… »

 

CHATEAUBRIAND., Mémoires … T1, L2, §4, 1848